Gouvernement du Congo dans les années soixante : tous en redingote!
Je vous mets en ligne une photo des années soixante années de la fameuse indépendance du Congo.
Il s'agit du gouvernement d'union nationale de l'abbé Fulbert Youlou.
A sa droite on reconnait Opangault vice president et les autres qui sont tous en redingote.
Au fait qui a conseillé ces messieurs ? De s'habiller ainsi?
Vraiment, comme des personnages de clown, ça rappelle l'habillement des esclaves noirs ou des serviteurs (majordomes) dans des maisons de maître ou encore l'étiquette de la bouteille de whisky Johnnie Walker.
Rien qu'en voyant la façon de s'habiller de tous ces messieurs on pouvait imaginer la suite.
Je ris à gorge déployée car c'est grave. Tchicaya U Tamsi dans ses textes a beaucoup usé de la dérision, qui est une arme pour les opprimés.
Et je ne peux m'empêcher de vous faire lire ce poème de Tchicaya dans "Feu de brousse" paru aux éditions Caractères en 1957 à Paris qui s'intitule "nattes à tisser" (Depuis là il y a eu une première réedition en 1978 par l'harmattan)
En 2010 cet arrêt sur image ne s'est pas trompé au contraire, elle confirme la réalité et la rend plus claire. Mouélé Kibaya
Nattes à tisser
Il venait de livrer le secret du soleil
et voulut écrire le poème de sa vie
pourquoi des cristaux dans son sang
pourquoi des globules dans son rire
il avait l'âme mure
quand quelqu'un lui cria
sale tête de nègre
depuis il lui reste l'acte suave de son rire
et l'arbre géant d'une déchirure vive
qu'était ce pays qu'il habite en fauve
derrière des fauves, devant derrière des fauves
son fleuve était l'écuelle la plus sûre
parce qu'elle était de bronze
parce qu'elle était sa chair vivante
c'est alors qu'il se dit
non ma vie n'est pas un poème
voici l'arbre voici l'eau voici les pierres
puis ce sacerdoce du devenir
il vaut mieux aimer le vin
et se lever matin
on lui conseilla
mais plus d'oiseaux dans la tendresse des mères
sale tête de nègre
il est le frère cadet du feu
ici commence la brousse
et la mer n'est plus que le souvenir des mouettes
toutes dressées dent à dent debout
contre l'écume d'une danse capitale
l'arbre était le plus feuillu
l'écorce de l'arbre était la plus tendre
après la brousse brûlée que dire de plus
pourquoi dans le vin y avait-il de l'absinthe
pourquoi remettre dans les coeurs
et les caïmans et les piroguiers
et le flot du fleuve
le grain de sable entre les deux dents
est-ce ainsi qu'on broie le monde
non
non
son fleuve était l'écuelle la plus suave
la plus sûre
c'était sa chair la plus vive
ici commence son poème-de-vie
il fut traîné dans une école
il fut traîné dans un atelier
et il vit des chemins plantés de sphinx
il lui reste l'arc suave de son rire
puis l'arbre puis l'eau puis les feuilles
c'est pourquoi vous le verrez
les piroguiers de pied ont repris
aux remorqueurs de coton français
leurs clameurs
ce vol est un vol de colombes
les sangsues ignoraient l'aigreur
de ce sang-là
dans l'écuelle la plus saine
sale tête de nègre
voici ma tête congolaise
c'est l'écuelle la plus saine
Tchicaya U Tam'si
La photo je l'ai piquée sur la page facebook d'un compatriote, mais je crois qu'elle doit provenir des archives de notre frère Wilfrid Sathoud (fils d'un de ministre de ce gouvernement il s'agit de Victor Sathoud qui se trouve à l'extreme droite de la photo deuxième rang et montrant son chapeau de clown si je ne me trompe pas)