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18 février 2009

Tempête en Afrique subsaharienne

Tempête en Afrique subsaharienne

Par Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI

Ancien ministre socialiste de l’Industrie puis des Finances, ancien candidat à la présidence de la République française, Dominique Strauss-Kahn est directeur général du FMI depuis 2007. Il a grandi à Agadir de 1955 à 1960, entre 6 et 11 ans. Il a enseigné à HEC et à Sciences Po Paris. Il fait partie des socialistes qui veulent mener le parti socialiste français vers une politique socio-libérale, qu’il décrit dans son principal livre, «La Flamme et la cendre» (Grasset 2002).
Il souhaite que la Turquie, Israël et le Maghreb entrent dans l’Union européenne, ce qui lui a créé des ennemis à droite comme à gauche en France. De même, il a été vertement critiqué dans son propre parti pour avoir souhaité que des chaires universitaires soient financées par des entreprises. Au FMI, il veut modifier fortement les interventions de l’institution, après avoir tiré les leçons de la crise financière. A Paris comme à Washington, ces positions lui ont valu des «coups tordus»: de fausses affaires de prévarication et de mœurs pour l’affaiblir


Alors que le monde se débat dans le plus grave bouleversement financier de la période d’après-guerre, les yeux se tournent vers les économies avancées et les marchés émergents le plus immédiatement affectés. Mais l’impact sur les pays pauvres est bien plus grave encore.
La faible croissance mondiale réduit les marchés d’exportation, et les cours de nombreuses matières premières sont en chute libre.
Le resserrement du crédit dans les économies avancées et l’assombrissement des perspectives économiques dans les pays à faibles revenus frappent les flux d’investissement. Et les versements des travailleurs installés à l’étranger, qui ont aujourd’hui supplanté l’aide en tant que plus grand flux financier vers les pays à faibles revenus, sont aussi en train de décliner.

Les efforts remis en cause

L’Afrique subsaharienne dépend lourdement des exportations de matières premières, elle est donc tout particulièrement vulnérable à la crise mondiale. Beaucoup de pays africains ont mis à profit la décennie passée pour mettre en place des politiques économiques solides et durables qui ont débouché sur une croissance robuste et une inflation basse. Associées à l’allégement de la dette, ces politiques ont permis d’obtenir une dette publique réduite, des systèmes financiers relativement solides et, le plus important, une hausse des niveaux de vie.
Ces acquis sont aujourd’hui menacés. Les prix élevés de la nourriture et des carburants qui ont prévalu ces derniers temps ont gravement ponctionné de nombreuses économies africaines. Aujourd’hui, elles sont confrontées à un second coup porté par la récession économique.
La priorité pour l’Afrique et la communauté internationale doit être d’assurer que le continent réchappe à la tempête financière, protège les réalisations significatives des dix dernières années et continue de faire des progrès décisifs dans la lutte contre la pauvreté. Ce n’est pas le moment de faire une pause dans nos efforts pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement de l’ONU.

Intensifier et cibler l’aide


Des politiques fortes

Il est clair que la responsabilité de mettre en place des politiques économiques solides repose sur les pays africains eux-mêmes. Cela dit, la communauté internationale doit être prête à les aider. Mon avis est que des politiques fortes, côté africain, et un soutien solide de la communauté internationale offrent les meilleures perspectives pour une croissance durable et la réduction de la pauvreté en Afrique. Voici trois priorités qui doivent nous guider:
1- D’abord, si une incitation fiscale peut jouer un rôle dans certains pays, dans beaucoup elle est limitée; par conséquent, la région tout entière doit protéger le bas niveau, durement gagné, de sa dette publique. Quand l’orage sera passé, des dettes publiques réduites et des finances publiques viables seront cruciales pour préserver les dépenses qui aident les pauvres et pour faire revenir les investisseurs internationaux indispensables à la croissance future de l’Afrique.
2- Ensuite, la chute des cours internationaux crée l’opportunité de faire descendre l’inflation du niveau inconfortablement élevé provoqué par la crise alimentaire et énergétique du début de l’année dernière. Cela ne signifie pas imposer des cibles rigides à l’inflation, mais une politique monétaire prévisible visant à établir une stabilité des prix à moyen terme – avec un taux de change souple le cas échéant – bénéficie à la fois au secteur privé et, plus important encore, aux pauvres.
3- Enfin, la communauté internationale doit tenir ses engagements d’augmenter les aides. Ce n’est pas le moment de manquer à cette parole. Il est tout aussi important de faire repartir les négociations commerciales internationales et de conclure avec succès le cycle de Doha – notamment pour préserver l’Afrique du risque d’un protectionnisme montant.

Copyright: Project Syndicate, 2009.
Traduit de l’anglais par
Bérengère Viennot



Trouver le moyen d’aider l’Afrique à relever ce défi –notamment en tirant des leçons des réussites du passé – sera l’objectif d’une grande conférence parrainée par le FMI et le président de Tanzanie, Jakaya Kikwete, qui se tiendra à Dar Es-Salam en mars. Cette discussion sur les perspectives de l’Afrique impliquera non seulement des décideurs officiels mais aussi des représentants du secteur privé et de la société civile, dont le rôle clé est reconnu par tous.
Le FMI est prêt à jouer son rôle. Nous travaillons étroitement avec nos 53 membres africains sur la mise au point des mesures appropriées. Nous avons augmenté nos financements aux pays les plus touchés par les chocs alimentaire et énergétique. Et nous sommes prêts à apporter davantage d’aide – y compris dans le cadre d’un nouveau mécanisme de financement pour les pays frappés par des chocs exogènes – pour aider ceux que la crise financière a le plus gravement affectés.
Nous intensifions également notre aide technique pour consolider la prise de décisions économiques en Afrique, et nous sommes en train d’ouvrir deux nouveaux centres régionaux d’assistance technique. A la conférence de Tanzanie, nous attendons avec impatience les retours et les idées sur ce que le Fonds peut faire de plus – et ce qu’il peut faire différemment.
Alors que l’Afrique et ses partenaires naviguent ensemble au milieu de la tempête financière, il nous faut nous assurer que les plus vulnérables ne sont pas oubliés. Il nous faut aussi nous assurer que les solutions visant à consolider la stabilité financière et à éviter de futurs bouleversements – l’objectif du sommet du G-20 d’avril – sont abordées avec tous les pays concernés. En ce moment, tous les yeux sont tournés vers la crise immédiate. Il ne faut pourtant pas perdre de vue les défis à plus long terme qui persisteront quand l’orage sera calmé. La conférence de Tanzanie nous permettra d’évaluer ce que les succès passés nous ont appris, et ce qu’il faudra changer à l’avenir.
Notre objectif commun est clair : nous assurer que l’Afrique va non seulement survivre à la tempête actuelle, mais qu’elle en sortira plus forte.
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